Nous reproduisons ci-après le résumé traduit par nos soins d’une étude scientifique sur le lien entre augmentation des émissions de CO2 et perte de productivité du travail. Le constat est loin d’être réjouissant et confirme que la lutte contre le réchauffement climatique implique de repenser l’intégralité des relations sociales.
Les émissions cumulées de CO2 sont un indicateur de prédiction robuste de l’augmentation moyenne de la température. Cependant, de nombreux impacts sociétaux sont induits par l’exposition à des conditions climatiques extrêmes. Nous montrons ici que les émissions cumulatives peuvent être fortement liées aux changements régionaux d’un indicateur d’exposition à la chaleur, ainsi qu’aux impacts socio-économiques associés à la perte de productivité du travail dans les secteurs économiques vulnérables. Nous estimons les augmentations historiques et futures de l’exposition à la chaleur à l’aide de simulations provenant de huit modèles du système terrestre. L’intensité globale et la configuration spatiale de l’exposition à la chaleur évoluent de façon linéaire avec les émissions cumulatives selon les scénarios (1 % de CO2, RCP4.5 et RCP8.5).
Le profil d’exposition à la chaleur à un niveau donné d’augmentation de la température mondiale est fortement influencé par le forçage sans CO2. Les émissions mondiales de gaz à effet de serre autres que le CO2 amplifient l’exposition à la chaleur, tandis que les émissions locales élevées d’aérosols pourraient modérer l’exposition. Si l’on ne considère que le forçage du CO2, nous nous engageons à une perte annuelle supplémentaire de productivité du travail d’environ 2 % du PIB total par unité de trillion de tonnes de carbone émises. Cette perte double lorsque l’on ajoute le forçage sans CO2 du scénario RCP8.5. Cela représente une perte économique supplémentaire d’environ 4 400 G$ par an (soit 0,59 $/tCO2), qui varie d’un pays à l’autre avec un impact généralement plus important dans les pays à faible revenu.